Il y a 15 ans, lors de la campagne de restauration de la basilique Saint-Nicolas à Nantes, classée aux monuments historiques depuis les années 80, les anges ont été déposés pour en faire des copies. Mais une fois remplacés, que sont-ils devenus ?
Depuis le XIXe siècle, 8 anges trônent au sommet de la basilique Saint-Nicolas de Nantes, protégeant la ville et ses habitants. En 2009, le bronze s’est substitué au plomb : les remplaçants, fondus d’après les moulages des originaux dessinées par l’architecte de la basilique Jean-Baptiste Lassus, ont fait leur ascension et trônent fièrement à côté de la flèche.
Selon toute logique, les anges déchus ont été mis à l’abri, histoire de les protéger du temps qui passe, et pourquoi pas les exposer. Du moins le pense-t-on.
Tout vient à point à qui se fait prendre
C’est lors d’une vente aux enchères en 2020 que les services de la Direction régionale des affaires culturelles des Pays de la Loire sont alertés : un séraphin ressemblant à s’y méprendre l’un des originaux, alors tous introuvables, y est mis en vente, à un prix plancher de 19 000 euros.
Après de 2 ans d’enquête discrète, c’est à l’automne 2022 que la Drac retrouve la trace des statues, et du larron les ayant subtilisées. Il s’agit tout simplement de l’homme chargé de leur dépose. Pourquoi les a-t-il gardées ? Ses raisons sont pour le moins surprenantes, voire désarçonnantes.
Innocent comme l’agneau qui vient de naitre, l’ouvrier reconnaît naturellement les faits. Comme sur n’importe quel chantier, il a considéré que ces pièces faisaient partie du rebut. Tout comme pour des chutes de bois, une fin de sac de ciment ou un surplus de vis, il s’est dit qu’il n’y avait aucun inconvénient à les récupérer et à en disposer comme il l’entendait.
Des statues en plomb, de 2,5 mètres de haut, fabriquées il y a 150 ans, au cours d’une restauration historique, vraiment ?
Où sont les anges ?
L’un des séraphins disparus a pu être rapidement récupéré par les enquêteurs ; il est conservé en lieu sûr par la municipalité. La mairie suit de très près ce dossier, car c’est la ville qui est propriétaire de la basilique, de son mobilier classé, et donc des anges. La question de la valorisation de l’ensemble de ces statues pourra se poser lorsque les autres anges seront restitués, s’ils sont restitués.
C’est à la justice administrative qu’il appartiendra de statuer sur cette question, et cela devrait être un vrai sacerdoce. Toutes ont été vendues : plusieurs ont atterri chez des particuliers, l’un se trouve dans une collection en Espagne, un autre au sein de l’entreprise chargée de réaliser les reproductions qui surplombent la basilique ! Certains de leurs détenteurs semblent déjà s’opposer à leur restitution, gracieuse. S’agissant de biens volés, ils pourraient ne pas avoir le choix. En attendant, la décision judiciaire est attendue dans les prochains mois.
Pour son égarement, cette brebis sera jugée le 4 juillet 2024 par le tribunal correctionnel de Nantes pour abus de confiance.
Pour éviter les quiproquos de fin de chantier :
Précisez à l’avance ce qui part et ce qui reste, ce que vous gardez et ce que vous jetterez vous-même.
Faites de même durant la visite de fin de chantier.
Certains sites, comme Geev, vous offrent la possibilité de donner les matériaux en trop à d’autres particuliers dans le besoin.