Les particuliers sont régulièrement victimes d’escroqueries immobilières ou de malfaçons diverses contre lesquelles ils se sentent démunis. Ce ne sont pas pour autant les seuls à déplorer des défauts de construction. Pour preuve, cette sombre histoire lilloise qui débute il y a huit ans. À cette époque, le bailleur social Partenord Habitat acquiert un site valorisé à 3,5 millions d’euros pour y faire construire un immeuble d’habitation. Il l’ignore encore mais ses ennuis ne font que commencer…
Gros pépins sur les parpaings : alignement qui déraille, structure qui défaille
Très rapidement, les problèmes s’enchaînent, à commencer par un retard de livraison, événement assez commun en matière de construction. Cependant, les choses ne s’arrêtent pas là : des anomalies de structure sont présentes à la livraison finale.
Sébastien Saumier, auditeur de structure, est mandaté pour constater les dégâts. Cela saute aux yeux : non seulement les parpaings sont mal alignés mais en réalité, toute la structure défaille !
Le professionnel explique que présentement, l’immeuble est debout, mais pourrait se déformer et s’effondrer si on y ajoute du mobilier… et des habitants !
Trois faillites plus tard, qui attaquer en justice ?
Très rapidement, le directeur général de Partenord Habitat, Éric Cojon, se retrouve dans une impasse. Il souhaiterait porter l’affaire devant les tribunaux mais se heurte à plusieurs murs successifs. Il découvre tout d’abord la faillite du promoteur auquel il a fait appel, puis celle des entreprises qui ont participé à la construction et finalement, de l’assurance du promoteur !
Comble de l’ironie, ces faillites équivalent à une absence de personne morale contre laquelle se retourner et très pragmatiquement, à personne pour régler la facture des travaux qui s’imposent…
Plutôt que de réparer, rebâtir devient une nécessité
Finalement, le bailleur devra détruire intégralement le bâtiment pour le reconstruire à l’identique, ou presque. En effet, il est impossible de faire réparer les dégâts, sous peine de débourser encore plus, en raison des malfaçons et défauts majeurs ainsi que l’augmentation du coût des matériaux depuis la construction initiale.
La destruction est prévue courant 2026 avec fort heureusement la possibilité de récupérer une partie des matériaux pour les futurs logements. Malgré tout, cela va coûter très cher à Partenord Habitat, qui s’y est sans doute repris à deux fois avant de sélectionner son nouveau promoteur.
Comment éviter une telle situation ?
Entreprendre des travaux, quelle que soit leur ampleur, ne s’accompagne jamais d’une certitude totale d’obtenir le résultat idoine. Toutefois, il existe quelques bons réflexes que vous pouvez mettre en place si vous avez un projet :
- vérifier les antécédents du promoteur ou des entreprises: s’assurer de leur bonne réputation, mais aussi de leur solvabilité ;
- rédiger des contrats détaillés: incluant des obligations de réparation si les normes de construction ne sont pas respectées ;
- souscrire une assurance dommage-ouvrage: qui court sur les dix ans suivant les travaux ;
- suivre les travaux: effectuer des inspections régulières et effectuer des audits indépendants tout au long du chantier.
Armé de ces conseils, vous serez mieux préparé et pourrez ainsi maximiser les chances de réussite de votre projet immobilier pour ne jamais avoir à lire votre mésaventure dans les journaux.