L’hiver dernier, une Marmandaise de 84 ans a subi l’abandon de chantier d’un entrepreneur frauduleux. Travaux mal réalisés, économies évaporées et remboursement différé… Jeanne, qui souhaite rester anonyme et dont le prénom a été modifié, témoigne.
Un auto-entrepreneur de bas étage
Les années passant, Jeanne ressent au quotidien de plus en plus de difficulté à monter les escaliers de sa maison de Marmande. En raison de sa perte de mobilité, elle désire donc en aménager le rez-de-chaussée et pouvoir, à terme, y habiter.
Pour ce faire, elle demande un devis à un entrepreneur de la région, qui s’empresse de chiffrer les travaux. Jeanne réalise immédiatement que le nom de l’homme qui se dit prêt à effectuer les travaux ne figure pas sur le document. Plus tard, elle se rend également compte que le nom de la société ne correspond pas au numéro SIRET.
Pourtant, Jeanne signe : elle a une confiance aveugle en cet artisan. Et pour cause : il lui a été recommandé par une autre entreprise à laquelle elle a déjà fait appel. Elle ne le sait pas encore, mais cette signature n’est que le début des ennuis qui l’attendent.
Une estimation des versements complètement à côté de la plaque
L’entrepreneur malhonnête, lui, ne perd pas le nord. Il exige un premier acompte, démarche somme toute banale pour un tel chantier. Toutefois, il demande à Jeanne d’adresser le chèque de règlement à une femme, illustre inconnue dans cette sombre affaire.
Quelques jours après, l’homme réclame une rallonge de 1 700 € en espèces pour soi-disant, se procurer treize plaques de plâtre manquantes, destinées à doubler la cuisine. Inutile de préciser que la cuisine demeurera dans son plus simple appareil et que la Marmandaise ne verra jamais la couleur des fameuses plaques… dont seulement trois ont été utilisées dans le salon !
Désenchantement sur le chantier
Jeanne se plie bon gré mal gré aux différentes requêtes, après quoi, l’entrepreneur commence les travaux puis s’en va du jour au lendemain, décrétant avoir terminé. Quelle n’est pas la stupeur de la cliente lorsqu’elle découvre sa maison. « C’est une catastrophe », explique-t-elle. « Ce n’est ni fait, ni à faire ».
Et on la comprend, car les malfaçons sont nombreuses : une porte ne se ferme pas, de la laine de verre reste apparente, l’enduit est mal réalisé… Pire encore, l’homme aurait commencé à faire un trou dans l’escalier en dépit du bon sens. « J’ai dû insister pour qu’il le rebouche », s’insurge Jeanne.
Fuite en avant et promesses en l’air : l’heure de l’ultimatum a sonné
Concernant son départ en urgence, l’entrepreneur dit avoir dû quitter la région précipitamment pour raison familiale. Il laisse derrière lui un chantier sale, où presque tout reste à faire… ou à refaire.
Pour autant, à ce moment-là, Jeanne se veut conciliante. Elle relativise et somme l’entrepreneur de lui rembourser seulement une partie de ses versements. « Je ne demande pas la totalité, des choses ont été faites », ajoute-t-elle.
Le fils de la plaignante appelle l’entrepreneur qui lui assure rembourser Jeanne dans la semaine. Sans grande surprise, aucun versement n’est réalisé à la date indiquée…
Jeanne s’en va alors à la gendarmerie pour s’enquérir de ses éventuels recours. Elle ne désire pas porter plainte, la perspective d’années de procédures longues et coûteuses ne la réjouit guère. Elle s’en tiendra à une reconstitution progressive de ses économies, mettra ses travaux en pose et racontera son histoire pour mettre en garde le plus grand nombre.
Des travaux à venir ? Prudence est mère de sûreté !
L’histoire de Jeanne est une piqûre de rappel qui permettra peut-être à certains d’éviter de futures arnaques et escroqueries.
Si vous aussi, vous envisagez des travaux et que vous souhaitez vous assurer de solliciter une entreprise de confiance, voici quelques démarches simples à effectuer :
- effectuez une vérification sur internet: consultez les avis de la société et assurez-vous qu’ils sont authentiques et fiables, que l’entreprise soit en règle ;
- demandez un devis détaillé: incluant les coûts de réalisation, les matériaux nécessaires, l’ordre des opérations… ;
- faites appel à la CCI: pour contrôler l’identité de la société ;
- ne versez pas la totalité de la somme avant que les travaux soient terminés.
Les mauvais entrepreneurs sont légion mais rassurez-vous, les bons sont encore plus nombreux !