C’est la hantise de tous ceux qui aspirent à faire construire leur maison : les retards de livraison. Dans le Nord, le bâtisseur TradiNord accumule les chantiers qui tardent à s’achever ainsi que les défauts de construction. Plusieurs clients en ont fait les frais et témoignent.
Au bout de 4 ans, la maison de Rémi reste « non conforme »
Lorsqu’ils signent le contrat avec le constructeur TradiNord en 2020, Rémi et sa compagne sont loin d’imaginer le chemin de croix qu’ils s’apprêtent à parcourir. Le couple a beau savoir que la construction d’une maison est souvent parsemée de mauvaises surprises, il ne s’attendait pas à en découvrir autant.
Le logement, dont le montant s’élève à 360 000 euros, est censé être livré en juin 2022. Il ne le sera qu’un an plus tard au prix de longs mois d’attente sans information de la part du constructeur. Financièrement, le couple doit également composer avec un prêt immobilier déjà déclenché pour une maison qui est inhabitable. Pendant cette période, Rémi et sa compagne ne voient pas le bout du tunnel, d’autant que les malfaçons commencent à s’accumuler. Le couple envisage même un temps de démolir purement et simplement la bâtisse.
Désormais « habitable » mais jugée « non conforme », la maison attend toujours ses panneaux photovoltaïques et ses finitions. Le couple a assigné la société en justice par le biais de son avocat. « Je ne peux pas entreprendre des travaux pour terminer la maison, on pourrait me le reprocher. Je veux simplement que la justice se prononce, qu’on en finisse », déclare Rémi au quotidien La Voix du Nord. La procédure pourrait être encore longue et durer au moins deux ans.
Maigre consolation, TradiNord a tout de même dû verser 38 000 euros de pénalités de retard aux deux jeunes propriétaires.
Une maison qui doit être démolie
Si Rémi et sa compagne ont tout de même pu emménager dans leur maison, ce n’est pas le cas de tous les clients de TradiNord. À Quarouble, Anne Vallé avait fait appel à ce constructeur ayant pignon sur rue. Après deux années à attendre que la jolie maison de ses rêves ne soit habitable, c’est un véritable cauchemar qui devient réalité : la bâtisse doit être rasée. En cause, les nombreux vices de fabrication et les anomalies. Sur internet, elle liste les défauts de construction : « erreurs de permis de construire, erreurs de lot au démarrage des travaux, […] non-conformité au PLU, […] erreurs de plans à chaque étage (dalle, charpente) ».
Des témoignages éloquents
Sur le web, les mauvaises expériences avec TradiNord semblent nombreuses et les griefs souvent identiques. Ainsi, La Voix du Nord retrace le parcours chaotique de Cathy Brunois. Après un divorce difficile, la jeune femme aspire à tourner la page en signant un contrat pour une maison neuve, en 2021. Las, deux ans plus tard, la bâtisse du Vieux-Mesnil n’est toujours pas achevée et cumule les malfaçons. Cathy Brunois témoigne : « cela s’avère un cauchemar de tous les jours ».
D’autres commentaires en ligne évoquent les retards, le recours à des sous-traitants peu qualifiés et une gestion de chantier « chaotique ».
Mais qui est TradiNord ?
Installée à Valenciennes depuis 1954, dans le département du Nord, TradiNord s’est forgé, pendant plus d’un demi-siècle, une solide réputation dans le milieu de la construction neuve. Il y a quelques années, la société a rejoint le groupe Babeau Seguin. Ce géant français du bâtiment figure parmi les plus importants constructeurs de maisons dans l’Hexagone.
Hasard ou coïncidence, c’est depuis ce rachat que les déboires de TradiNord se multiplient. Au printemps dernier, la société expliquait ses délais à rallonge et ses défauts de construction par « des pénuries de matériaux », « l’inflation » ainsi que par « des sous-traitants défaillants ».
Comment se prémunir des constructeurs malhonnêtes ?
S’il est impossible d’éviter les malfaçons ou les retards de livraison lorsque l’on fait appel à un bâtisseur de maison, quelques précautions peuvent cependant limiter les risques :
- le choix du constructeur: n’hésitez à faire jouer la concurrence et à comparer les devis. Un chiffrage trop bas doit vous mettre la puce à l’oreille ;
- le choix du terrain : référez-vous au PLU de votre commune afin de vérifier la constructibilité de la parcelle, vérifiez la viabilité (réseaux d’eau potable, électricité, assainissement, etc.) ;
- le choix du sous-sol: méfiez-vous des sols argileux et des parcelles trop pentues ou trop étroites. Prenez garde aux zones régulièrement soumises aux inondations ;
- le suivi du chantier: en tant que maître d’ouvrage, il est important que vous suiviez l’avancée régulière des travaux. N’hésitez pas à réaliser ces visites de chantier avec un professionnel qui pourra vous conseiller avec un œil expert. De la même manière, pensez à vérifier le bon emplacement des murs, des cloisons et des menuiseries ;
- l’assurance couvrant les risques: le constructeur doit disposer d’une garantie de livraison à prix et délai convenus dans le contrat. De votre côté, vous devez souscrire une assurance dommage-ouvrage qui vous assure du paiement des potentielles réparations.
Sources :